Le monde d’après

HRS: Soutenir un redémarrage juste et durable de l'économie

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Retour d’expérience – Christophe Ploux, Directeur Général d’HRS France

Recyclage, économie circulaire, attractivité de l’industrie : ce spécialiste des services techniques liés à l’environnement nous partage son expérience.

Christophe Ploux est Directeur Général d’HRS France, entreprise qu’il a récemment reprise. Il a vingt ans d’expérience dans les services techniques liés à l’environnement dans des grands groupes en France et à l’étranger. HRS France recycle des compresseurs frigorifiques pour des applications de confort, et industrielles.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté au quotidien ?

Beaucoup de client préfèrent le neuf au recyclé. Le neuf est aussi plus simple à prescrire, par conséquent nos matériels ne sont jamais utilisés pour des nouvelles installations mais toujours en maintenance alors qu’ils le pourraient. L’autre difficulté vient du manque de main d’œuvre qualifiée : nous sommes proche de l’artisanat sur certaines activités comme le rebobinage de moteurs ou le remontage de gros compresseur à vis. Or, il faut 3 ans minimum pour former un technicien et 10 pour en faire un responsable. Ce sont des métiers manuels qui n’ont pas eu l’attractivité qu’ils méritent lors des orientations scolaires. Résultats, nos techniciens peuvent avoir un CAP de cuisine et devenir chef d’Atelier, ce qui prend du temps.

Quelles en sont les causes ?

Sur le premier sujet, l’image du recyclage : on le voit nettement avec le papier qui est encore majoritairement acheté neuf. C’est primordial pour sortir d’une économie linéaire qui prend des matières premières, les transforme et les jette à une économie circulaire qui les réutilise. Quant aux métiers manuels, la prise de conscience arrive et les filières s’organisent, cela prendra du temps, car une fois intégré et formé dans l’entreprise, nous n’avons quasiment pas de turnover. Le personnel trouve du sens et de l’intérêt aux tâches créatives qu’ils accomplissent, probablement beaucoup plus que dans certains métiers du secteur tertiaire.

Quelles solutions pourrait-on imaginer ?

Cela passera par de la prescription obligatoire à partir du moment ou une solution recyclée existe : la législation à besoin de donner une vision et un cadre beaucoup plus ambitieux pour faire bouger les lignes. Au passage, le recyclage redonne de l’activité aux territoires en relocalisant des activités dont les produits neufs sont fabriqués dans des pays low cost. Le gain est double mais la filière recyclage n’en n’est pas récompensée. Je rêve de « casses automobiles » dans le futur qui concurrenceront les usines de fabrication pour produire des voitures. La prise de conscience de l’attractivité et l’image des métiers manuels s’améliore, mais là aussi il faut aller plus vite. Ces métiers sont particulièrement utiles, durables et résilients dans les transitions qui nous attendent, tout en étant gratifiant pour ceux qui les exercent.

La transition énergétique pourrait-elle être une opportunité de changer les choses ?

Bien sûr, car qui dit transition énergétique dit limitation des flux de transport et donc relocalisation. Cela va bien à la filière recyclage en circuit court. Dans notre activité, le recyclage permet aussi d’économiser l’énergie de l’extraction des métaux. Le calcul montre que nous économisons 20 tonnes de CO2 par an et par employé en recyclant la fonte par rapport à l’utilisation de matière primaire.

Quels sont ou seront les impacts de la crise sanitaire que nous vivons sur votre modèle ?

Finalement très peu. Notre modèle traverse cette crise comme un coup de vent en voilier. Cela remue, parce que nos clients sont impactés, mais nous ne sommes pas à court de carburant comme un bateau à moteur l’aurait été. Nous continuons à travailler et produire avec nos ressources locales et nos produits sont nécessaires pour l’agroalimentaire, la santé et le confort.

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